Cosmiques - JAC KALLOS, POEMES, TEXTES ET PHOTOS

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Cosmiques

Sur les sentiers perdus

Présentation du recueil "Sur les sentiers perdus d'hier et de demain" .-
Imprimé et édité par l'auteur en 1998, le recueil dont vous trouverez ici un choix de poèmes contient à la fois des textes de jeunesse échappés à l'élimination critique au fil du temps et des textes plus récents.

Sous le titre Cosmiques sont regroupés des poèmes de science fiction écrits dans les années 90 auxquels sont venus s'en ajouter d'autres depuis 2008: Trou noir, Un monde perdu, Mémoires d'outre-temps. Conçus dans un premier temps pour s'intégrer dans un roman que je n'ai jamais achevé, ils sont à imaginer comme découverts dans un vaisseau spatial abandonné, égaré dans le temps et l'espace... Qui l'emporte ici du pessimisme ou de l'humanisme ? A vous de juger !


        EXILS

Quand de vastes enclumes irradiant le métal
assourdissaient nos cœurs au rythme original
de l'odeur des marées de nos rêves sans fin,
nous épuisions en vain l'énergie d'assouvir
l'exorbitant désir de vivre et de mourir.

Un marin louvoyait sur les rives d'un port.
D'un quai, de longs vaisseaux appareillaient vers
les lendemains douteux et les années lumière
d'un univers sans dieux, sans marges, sans sommeil
autre qu'un inconscient et profond hibernage.

L'ordinateur vibrait en ondes cristallines,
enfonçant dans nos chairs les glaçons du passé.
J'attendais. Un instant, un soleil inconnu
irisait une aurore sur un monde nouveau.
Des demains s'ébauchaient. Allions-nous accoster ?

Quelques monstres errants ou quelques pierres stériles
nous arrachaient bientôt à ces espoirs déçus.
Lassés de tant d'attente et de rêves fourbus
nous replongions encore en de nouveaux espaces,
écartés de cent terres vers cent mille inconnus.

Déjà le souvenir de nos vastes errances
s'estompe à l'horizon de vos souffles amers,
rives, ports, montagnes, maisons de la Terre,
crashés dans les nuages roses de l'atome,
fuyant de la mémoire en vibrions d'éclairs.

Reviendrons-nous jamais à tes rives brûlantes,
Terre ? Et le haut et le bas à jamais égarés
reprendront-ils un jour dans nos têtes usées
la signification abrupte et innocente
d'une chute, d'un sol, d'un soleil, d'un baiser ?

Plutôt nous serons bien, éternels naufragés,
les consciences perdues, informelles, dormantes,
d'un rêve inassouvi d'énergique clarté,
parmi les purs soleils, les lunes nonchalantes,
les lointaines auras d'un monde crucifié

          REGRETS


La toison frêle des comètes
en ces lointains perdus
arrache de nos cœurs la mémoire vacillante
des filles qui ne sont plus.

Revenir ! Et pourquoi ?
Le fils aïeul du père,
l'image bouleversée du lien anéanti ;
l'Enthousiasme d'hier n'a laissé dans nos veines
que le regret amer de ceux qui ne sont plus.

Retourner ! Et pourquoi ?
Que de désespérances
enchaînées une à une au fil d'années lumière.
Toi ma vie! Toi mon âme! Toi qui ne m'attends plus,
qui t'effaces, poussière, au sein de cette Terre.

A moins que ? Mais pourquoi ?
Dieu aurait-il changé ?
Et le mieux et le pire, enfin désagrégés,
laisseraient-ils couler en ces lointains perdus,
d'un glissement ténu, un peu d'éternité ?

Mais à quoi bon RÊVER ...

A quoi bon !
Ces destins cent fois accélérés
ont doublé dans le temps nos chemins de lumière.
Sans fin, nous errerons au fil de vos chimères.
Morts d'hier, nos demains
vous les ignorerez.

     SUR LES SENTIERS PERDUS


Sur les sentiers perdus d'hier et de demain,
tantôt fleur à la lèvre et tantôt vague à l'âme,
tour à tour solitaire ou ma main dans ta main
en éternelle errance libre me proclame.

Mais un fil invisible incessamment m'enchaîne
par delà le passé à tant d'autres destins.
Le cours impétueux du temps qui nous entraîne
sous des cieux inconnus déferle nos matins.

Pourtant, si éclatant que semble l'avenir
au dormeur éveillé qui rêve des étoiles,
quand peu à peu s'éteint l'espoir du revenir
le désespoir sur nous bientôt étend ses voiles.

Sur les sentiers perdus d'hier et de demain,
reviendrons-nous un jour vers nos terres d'enfances,
et nos pas de nos pas retrouvant le chemin
nous ramèneront-ils de nos désespérances ?

    HEUREUX QUI COMME ICARE…


       Heureux qui comme Icare...
               Un poète chantait...
       Dans mon cœur qui s'égare
               erre un passé défait.

Heureux qui comme Icare... Propos déraisonnables
aux temps où nous partions enchantés et tremblants
vers l'hyper aventure en laissant nos semblables
avec à l'âme un goût de désastres troublants.

Pouvions-nous voir en vous, demains, une victoire ?
croire en des devenirs où revenir enfin
ne serait pas un leurre éblouissant de gloire
pour mieux cacher le gouffre où se tapit la fin ?

Parmi les cieux déserts désormais nous errons,
et les ailes brûlées au feu de mille étoiles     
nous rêverons sans joie aux lieux où nous pourrons
reposer de vieux os, revêtir d'anciens voiles...

Mais arriverons-nous un jour sur une terre,
en un port merveilleux attendu si longtemps,
et nos pas hésitants, reconnaissant la pierre,
nous diront-ils enfin : voici venu le temps.













              TROU NOIR

Dans le noir de tes yeux je pénètre en silence
l'intime profondeur de ton être secret ;
un sourd frémissement à son rythme balance
ton visiteur curieux, impatient, indiscret.

De retour en tes bras je me ressens coupable
des tentations du gouffre où nous aurions plongé
quand frôlant, imprudents, le trou noir insondable,
chacun sur son destin s'était interrogé.

Surfer sur les remous d'une étoile en folie,
résister au désir un instant devenu
comme un renoncement de la mélancolie,
l'appel de l'incertain, la peur de l'inconnu.

Quel monstrueux mystère à l'infini se cache
au creux du puits sans fond aveuglément ouvert ?
le temps s'arrête-t-il ? ou devient-il plus lâche ?
un portail s'ouvre-t-il vers un autre univers ?

Quand l'étrange attraction derrière nous décline
les regards rencontrés, maintenant détendus,
contredisant le poids qui courbe chaque échine
restent longtemps chargés des espoirs fous déçus.

            SUR UN MONDE PERDU.


La statue érigée à quel dieu inconnu,
un long chemin de pierre dont nul n'est revenu,
un ciel mort sans oiseaux, une mer sans naufrage…
il est temps mon ami, temps de tourner la page,

temps de fuir cette terre où règne l'incertain,
où le bruit de nos pas martèle nos destins
du vide étourdissant d'un épuisant silence…
Quel démon va surgir de la désespérance ?

Tout à coup réveillé, quel fantôme égaré
va jeter sur nos yeux son regard effaré
et croyant reconnaître en nous quelque adversaire
de sa malédiction nous rendre solidaires ?

Tout est désolation, la vie a disparu
et vivre encore ici doit paraître incongru !
Quittons ces lieux, ami, reprenons notre quête
sur les chemins du temps qui jamais ne s'arrête.

Oublions au plus tôt que nous venons de voir
ce monde abandonné, et gardons quelque espoir !

     LUNAIRES

Va, comme un funambule
amoureux d'univers,
un fou qui déambule
accroché à l'envers
au fil des souvenirs.

Cours, sur ces océans
d'avenir écarlate,
au rythme incandescent
du passé qui éclate
au creux des souvenirs.

Vole, enfant éperdu,
aux horizons d'albâtre,
à la recherche du
temps lointain, idolâtre
amant des souvenirs.

Plonge, inconscient Icare,
aux fonds du revenir,
puis meurs, écrasé par
le poids du souvenir,
le prix de tes délires.

     MEMOIRES D'OUTRE-TEMPS.


Nous voguions, chevauchant l'imprévisible étoile
que des dieux imprudents avaient lancée un jour
et des vents de hasard sans fin gonflaient nos voiles
pour nous bercer d'un rêve et nous perdre toujours !
L'infini sans pitié ignorant les frontières
affichait nos destins aux bans d'inanité,
le néant chaque fois succédant à la pierre
scandait à notre adresse : orgueil et vanité !

Pourtant nous étions nés pour vivre des conquêtes,
pour chercher des ailleurs et pour des lendemains
en des pays nouveaux où vivre serait fête,
où l'homme enfin serait finalement humain !
Pourtant nous avions pris des chemins d'innocence
quand, en fuyant un monde à son ultime soir,
convaincus d'emporter avec nous la semence
d'un avenir meilleur, nous partions pleins d'espoir.

Trop de fois nous avons côtoyé l'improbable,
en des lieux d'où le temps toujours semblait exclu
et si souvent tenté de nommer l'innommable
qu'à nos lèvres les mots hélas ! ne venaient plus.
Trop de fois nous avons cru gagner l'impossible,
allant de terre aride en enfers reconnus,
trop de fois affronté des démons impassibles,
mais les temps annoncés ne sont jamais venus.

Serions-nous arrivés au bout de notre quête ?
Je sens descendre en moi le découragement…
et voici que ma main de vous écrire arrête,
mais lirez-vous jamais tous ces vers d'outre-temps ?



Invasion
© photo Jac Kallos




 
 
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