Racontines - JAC KALLOS, POEMES, TEXTES ET PHOTOS

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Racontines

Comptines et racontines










    HYMNE A L'EAU

J'aime l'eau, oui j'aime l'eau,
l'eau d'été ou l'eau d'automne
qui s'enfile polissonne
dans tous les plis de ma peau.

J'aime l'eau, oui j'aime l'eau,
l'eau qui court dans la rivière,
sur le toit, dans la gouttière
et chante dans le tuyau.

J'aime l'eau, oui j'aime l'eau,
l'eau d'hiver qui tourne en glace
dans les rues et sur la place
et glisse sous mes sabots.

J'aime l'eau, oui j'aime l'eau,
l'eau qui coule dans mon verre,
l'eau fraîche qui désaltère
quand j'ai couru, quand j'ai chaud.

Sur mon ventre et sur mon dos,
sur mes mains ou dans ma bouche,
l'eau du bain ou de la douche,
j'aime l'eau, oui j'aime l'eau !

    PETIT TRAIN CEVENOL

Pour le plus grand bonheur des gosses
qui n'avaient plus le temps de voir
le petit train traîne ses bosses
et son fumeux manteau tout noir.

Avec tant d'yeux ronds aux fenêtres,
de cris de joie et de chansons,
tant de plaisir qu'il sait faire naître
le train les gave de frissons.

Son fou tchi-fou sans fin halète,
tourne et vire au long du torrent,
cahin-caha jamais n'arrête
de cahoter en crachotant.

Et quand il décroche au passage
quelques bogues aux châtaigniers
on lui pardonne bien l'outrage
à ce vagabond buissonnier.

Sans craindre de se fatiguer,
le petit train qui nous emmène
ne cesse pas de répéter :

  " qui voit Cévennes
   oublie ses peines ".
   

JOLI PONT, GENTIL PONT…


Joli pont ô gentil pont
mais dis-moi, où vas-tu donc ?

Je m'en vais dans la campagne,
serpenter à travers champs !
Et si tu montes sur moi
on jouera à qui perd gagne
en cueillant bien alléchants
des abricots ou des noix.

Joli pont ô gentil pont
mais dis-moi où vas-tu donc ?

Je m'en vais dans la montagne
pour savoir d'où vient le vent !
Et si tu montes sur moi
on jouera à qui perd gagne
en grimpant et en guettant
la marmotte ou le putois.

Joli pont ô gentil pont
Mais dis-moi, où vas-tu donc ?

Je vais regagner la ville
avant que tombe la nuit.
Et si tu montes sur moi
tu seras bien plus tranquille
pour t'endormir sans ennuis
dans tes murs et sous ton toit !


    J'AIME LA MER…

J'aime la mer et j'en ai peur,
j'aime ma peur et j'en ai marre
d'aimer la mer et d'avoir peur.
J'aime la mer mais j'en ai marre
de voir la mer qui vient qui part…
il doit bien y'avoir quelque part
une mer qui jamais ne part !

J'aime la nuit mais je m'égare
quand vient le soir et j'en ai marre
quand vient le noir de ne rien voir.
J'aime la nuit mais j'en ai marre
de voir le jour qui vient, qui part…
il doit bien y'avoir quelque part
un soleil qui jamais ne part !

J'aime le vent mais quand j'entends
souffler autant le vent d'autan,
le vent passer en coup de vent
qu'il soit derrière, qu'il soit devant,
qu'il soit d'hiver ou de printemps,
oui j'en ai marre d'aimer autant,
d'aimer encore le bruit du vent.

    LA RONDE DES FRUITS

Tiens mon bonhomme, croque la pomme
et sans histoires, croque la poire
et la cerise, elle est exquise
et toute fraîche, croque la pêche

           ( refrain )
Mang' la framboise avec Françoise
et le melon avec Léon,
croqu' la cerise avec Denise
et le citron avec Gaston !

Mûr l'abricot, c'est pas trop tôt !
Et le brugnon, ah ! qu'il est bon !
J'aime la fraise, ne vous déplaise,
la fraise rouge comme la braise.

Sans te piquer cueille la mûre,
elle t'attend dans le buisson,
elle te plaira la chose est sûre
comme à la grive et au pinson !

Sans hésiter, prends la groseille,
verte ou rouge tu l'aimeras,
et si sucrée cette merveille
que cent fois tu la goûteras !

QUELLE SEMAINE !

  Lundi m'a dit :
  Mardi viendra,
  mais Mercredi
  passant par là
  chassa Mardi
  dans l'au-delà.
  Bientôt Jeudi
  sans blablabla
  pour Vendredi
  capitula.
  Puis Samedi
  grand tralala
  trop fier de lui
  s'endimancha…
  Et tout Lundi  
  recommença !


     CHATTERIES
 (Méchamorphose)

Tiens ! mais dormir en rond
n'est pas mon habitude,
et l'odeur du Ronron
trouble ma quiétude !
Me serais-je couché
couvert de ma fourrure ?
ai-je dormi caché
par peur de la froidure ?
Pour bien me réveiller
il faut que je m'étire
car j'ai trop sommeillé
et je m'attends au pire !
Que m'est-il arrivé ?
Tiens ! j'ai des pattes noires,
je ne puis me lever,
mais diable quelle histoire !
J'ose à peine tourner
la tête, un sort étrange
sur moi s'est acharné
pour qu'en chat je me change
pendant que je rêvais !
Oh ! mais voilà, j'y pense,
je n'irai plus jamais
à l'école, oh ! la chance !
Toujours je dormirai !

          MA VIE DE CHIEN

Je suis un brave chien sans peur et sans reproche
qui n'a pas, comme on dit, sa langue dans la poche.
J'aime qui m'aime mais… il faut garder raison,
on ne peut pas aimer toute la création !

Je chasse le matou qui sur mes terres passe
car c'est héréditaire… et puis ça me délasse.
Je sais être accueillant, mais il y le facteur
qui jamais ne descend de son cyclomoteur,

et puis ces inconnus grands remueurs de poubelles,
qui malgré mes abois s'agitent de plus belle,
sans oublier ces fous, soi-disant contrôleurs,
qui tentent de rentrer par les trous des compteurs !

A travers le jardin, tous ces oiseaux qui piaillent,
dont le jargon aigu ne me dit rien qui vaille,
et ce merle gouailleur au sifflet provoquant
qui de son haut perchoir me nargue en ricanant,

les insectes sauteurs, puces, criquets, grillons,
l'insaisissable taupe, le maudit hérisson
qui dans le noir souvent me pique les narines,
les guêpes, les frelons et toute la vermine !

Certes la soupe est bonne mais il ne suffit pas
de payer mes efforts par un simple repas :
j'attendrais de mon maître un peu plus de tendresse,
un peu moins de " Couché ! " et bien plus de caresses.

    LE CHAT PACHA.

Je suis le roi de la maison,
le Belzébuth à quatre pattes,
le dormeur des quatre saisons,
le cabotin faiseur d'épates,

l'indifférent que rien n'étonne,
le grand chouchou de ma maîtresse
et c'est bien beau que je ronronne
quand je consens à ses caresses !

Bien sûr souvent on me reproche
de n'être qu'un gros paresseux
qui dort et se tape la cloche…
Voyons, amis, soyez sérieux !

Quand vous dormez, parfois je chasse
dame souris qui d'aventure
sur mon chemin passe et trépasse…
Ça, voyez-vous, c'est ma nature !

Comme un pacha sur l'édredon
je reviens dès potron-minet
car il me faut, crénom de nom !
un coussin pour mes coussinets.

IL Y A TANT DE MARINS…

Sûr ! il y a tant de marins
qu'on pourrait en parler sans fin,
d'autant que l'on ne sait jamais
s'ils reviendront en mars, en mai
ou ne quitteront pas leur quai…

Il y a les marins au long cours
dont on guettera le retour,
les jamais partis, sans espoir,
capitain's de bateau-lavoir
qui  lavent blanc mais broient du noir…

Il y a les marins d'eau douce
qui préfèrent se la couler douce,
les flibustiers de l'ancien temps
qui naviguent à contretemps
de calme plat en mauvais vent,

et puis les marins amoureux,
ceux qui mettent la larme aux yeux
de leur belle sur l'oreiller
quand il faut bien appareiller
et arrêter de gazouiller,

les faux marins de quai des brumes
dans les pays où l'on s'enrhume,
les canotiers de pacotille
qui naviguent sous les charmilles
et plongent dans les yeux des filles,

les conquérants de l'inutile,
explorateurs un peu débiles
qui sans savoir s'en vont chercher
une île où être dévoré
par quelque sauvage affamé…

Et ceux qui voguent dans leur lit
et tirent des bords chaque nuit
vers des ailleurs chargés de rêves
où l'amour attend sur la grève…
Allez, bon vent, la vie est brève !









© Gourmandise, Anne à Saumane, 1973,
   photographie Jac Kallos.






 
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